Gaspillage alimentaire : comment les épiceries peuvent-elles contribuer à le réduire ?
En finir avec le gaspillage alimentaire : voilà une préoccupation de plus en plus essentielle avec la crise climatique et les problèmes qu’il génère sur la production agricole. Quel rôle peuvent jouer les épiceries dans un tel contexte ?
On a tous été confronté au problème du gaspillage alimentaire au moins une fois dans notre vie. Un produit que l’on découvre périmé ou dont la date de péremption approche, une texture ou un goût que l’on n ‘aime pas. Et voilà le produit qui se retrouve à la poubelle. Selon les estimations de l’ADEME (Agence de la transition écologique), chaque Français jette à la maison l’équivalent d’un repas par semaine. Ce qui représenterait une estimation de 30 kilogrammes par an et par habitant. Et un gâchis qui se chiffrerait à plus de 100 euros.
C’est trop. Mais cela ne représente pourtant que 22 % du gaspillage alimentaire total en France. L’ADEME chiffre en effet ce gaspillage total à 136 kg par an et par habitant. Un chiffre qui reste pourtant plus faible que la moyenne européenne, qui s’élève à 173 kg par habitant.
D’où proviennent les 78% restants ? Ils sont le résultat des autres activités, soit dans l’industrie, soit dans la restauration, soit dans la distribution. Toujours selon l’ADEME, près d’un tiers de l’alimentation est gaspillé au niveau de la production ; plus de 20% est gaspillé au niveau du processus de transformation ; plus de 12% le sont lors de la distribution, ainsi que dans les établissements de restauration.
Un travail de pédagogie pour les épiciers envers leur clientèle ?
Quel rôle peuvent alors jouer les épiceries pour tenter de réduire ce gaspillage ? Avant tout, ce serait plutôt une activité de conseil envers leurs clients. Les épiciers peuvent communiquer en organisant une semaine ou une journée spéciale “anti-gaspi” alimentaire et en recommandant ce que l’ADEME a notamment publié sur son site pour limiter l’impact du gaspillage.
Et de suggérer de favoriser des aliments produits à proximité. C’est à la fois moins de transports, la garantie d’avoir un produit de saison, des légumes ou des fruits parfaits pour une consommation immédiate. Ce qui permet d’éviter finalement de jeter des aliments jugés médiocres ou déjà pourris, souvent en raison de conditions de transport qui s’avèrent généralement peu idéales.
L’épicier peut insister aussi sur les intérêts d’acheter des produits de saison. Comme l’argument de fruits et légumes plus goûteux et plus riches en vitamines. Un argument qui peut aussi s’appliquer aux fromages !
Autre rôle éducatif que peut avoir l’épicier : expliquer que les légumes “moches” sont tout aussi savoureux que les légumes calibrés et parfaits. Et s’ils restent invendus, ils peuvent faire alors l’objet de remises. Tout comme la vente à prix réduits de produits à date de consommation courte, voire même légèrement périmés lorsqu’il s’agit de conserves…
Il est possible aussi d’organiser un atelier qui apprend à accommoder les restes à travers des recettes exclusives. Un fascicule de recettes est disponible sur le site de l’ADEME.
La multiplication des épiceries anti-gaspi
Enfin, une tendance récente est la création d’épiceries anti-gaspillage. Comme La Fourche, une épicerie en ligne, qui privilégie la qualité des produits vendus à la quantité. La démarche de La Fourche est de favoriser notamment la production locale, aux meilleures qualités nutritionnelles, sans OGM et peu transformée.
Ou bien encore l’enseigne “Nous anti-gaspi”. Ce réseau, créé à l’origine en Bretagne, possède sa propre marque éponyme. En supprimant les coûts qui résultent du gaspillage de ressources, ces produits sont proposés jusqu’à 30% moins chers par rapport aux produits traditionnels, mais se révèlent tout aussi bons. Ils comprennent aussi bien les laitages que la viande, les fruits et légumes ou encore l’épicerie salée et sucrée ainsi que les boissons.
Le réseau comprend déjà 27 épiceries dans toute la France, essentiellement situées en Bretagne, en Île-de-France, notamment dans les Hauts-de-France, mais aussi à Bordeaux. L’entreprise vise une cinquantaine de points de vente en 2024.
Et, contrairement à la légende urbaine, ce ne sont pas que des personnes à faible pouvoir d’achat qui fréquentent les épiceries anti-gaspi, dont les comptoirs se multiplient depuis quelque temps. Elles attirent aussi des populations urbaines, devenues attentives à ce qu’elles mangent, amatrices de nourriture de qualité et qui recherchent cependant de bonnes affaires. Et si l’épicerie fine devenait aussi anti-gaspi ? Une vraie thématique pour un salon comme Gourmet Selection…
(Photo principale : Tom Brunberg sur Unsplash)
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