La consommation alimentaire en France victime de l’inflation au 1er trimestre 2023

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Selon une analyse de Kantar Worldpanel, la consommation de produits alimentaires du quotidien est en baisse de 4% en France. La faute à l’accélération de l’inflation sur les produits alimentaires en ce début d’année 2023. En souffrance particulière : la poissonnerie et les produits bio…

Kantar est un leader dans l’analyse de statistiques, les études et le conseil. Le cabinet de consultants est notamment actif dans la grande consommation, la distribution et le e-commerce. Kantar vient ainsi d’analyser les tendances de consommation en France, à l’aune de la hausse des prix sur l’alimentation.

L’inflation des prix de l’alimentation a un effet dopant sur le chiffre d’affaires du secteur de la vente alimentaire. Mais il est artificiel puisqu’il se nourrit de l’inflation qui atteint, selon différentes données, de 16% à 17% sur un an. Kantar constate en réalité que les ventes de produits du quotidien décrochent en volume depuis le début de l’année. De janvier à mars, le consommateur français a baissé de 4% ses achats de produits de grande consommation.

Cela fait maintenant plus de 6 mois que l’alimentation affiche une inflation à deux chiffres. Toujours selon l’étude de Kantar, cela se traduit par une dépense supplémentaire théorique de 42€ par mois sur le panier alimentaire. Et ce, à achats équivalents d’une année sur l’autre. “Mais leurs dépenses de PGC-FLS (Produits de grande consommation/frais libre service) ont augmenté de 10 % en mars 2023 (tous circuits), car leurs techniques permettant de subir le moins possible l’augmentation des prix sont légion… Ils prennent des mesures et adaptent leur comportement“, analyse Gaëlle Le Floch, directrice Strategic insights de Kantar Worldpanel.

Maîtriser son budget

Premier effet pour réduire la consommation : la fragmentation des sessions de courses. Kantar constate que si les Français vont plus souvent en magasins, ils achètent moins à chaque fois. En mars, le nombre de visites de +3,2% à 8,5 transactions en 4 semaines. Mais la consommation moyenne est seulement de 11,6 articles en mars 2023 contre 12,3 en 2022, avec une dépense à l’acte en hausse de 1,95€ (soit + 6,5%).

“Cela s’explique par une nécessité de piloter les achats au fur et à mesure, et de gérer les courses au quotidien. Le nombre moyen d’enseignes fréquentées se stabilise. Cela révèle un comportement de zapping qui s’intensifie, les consommateurs achetant chaque catégorie de produits dans les magasins les mieux disant”, ajoute Gaëlle Le Floch. Le recours à la liste de courses (76% en font une à chaque fois) avec un budget maximum de dépenses fait partie de cette stratégie.

A la recherche des meilleurs prix

(Photo de Tara Clark sur Unsplash)

La forte inflation affecte fortement la consommation des Français. Ainsi, moins de la moitié des foyers (45 %, -1,4 point sur un an) déclarent désormais accorder “beaucoup d’importance à la marque“. La descente en gamme se poursuit et son ampleur dépasse celle observée jusque-là : -2,5% en mars 2023.

Les clients réduisent le coût de leurs produits PGC-FLS en portant de plus en plus leurs choix sur les marques de distributeurs (MDD). Celles-ci ont ainsi gagné 2,5 points de parts de marché. Les grandes marques sont de plus en plus concurrencées par les MDD, notamment avec la démultiplication des promotions sur les marques d’enseignes.

Les clients sont également plus sensibles aux promotions. 60% des ménages (+2 points) indiquent acheter une marque en raison d’une promotion. Dans l’étude Kantar, 37% des ménages (+2 points) déclarent “aller dans plusieurs magasins pour profiter des meilleures promotions“.

Le bio dégringole

Les prix des produits bio, depuis longtemps perçus comme très élevés, jouent de plus en plus négativement sur le comportement d’achat. Dans les arbitrages des consommateurs, si les produits écologiques et locaux trouvent encore une place, elle est en net recul. Le bio souffre ainsi d’un recul de 5% des dépenses au premier trimestre 2023.

Kantar voit la déconsommation s’accélérer. Les achats de produits frais traditionnels chutent de 5,8% et s’intensifient sur les PGC-FLS à -4%. La chute est particulièrement impressionnante pour la poissonnerie, en baisse de 12% au premier trimestre 2023.

Gaëlle Le Floch décrit ainsi le changement de consommation alimentaire des Français. “Les plats se font plus roboratifs, à base de pates, de riz, d’œufs, et contiennent de moins de moins de protéines animales. Les repas s’allègent au passage parfois de l’entrée, parfois du fromage ou du dessert”, décrit-elle.

Les épiceries fines sont-elles épargnées par cette évolution? En 2022, nombre d’épiciers interrogés à Gourmet Selection indiquaient échapper en partie à l’effet inflation en concentrant l’offre produitssur une niche de grande qualité. Pourtant, la persistance de prix élevés, devrait entraîner finalement des changements de consommation. Au moins dans la fréquentation des magasins ou sur le panier moyen d’achats…

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