L’épicerie en zone rurale, un lieu indispensable au maintien du lien social
Dans la ruralité où tout ou presque a disparu, les épiceries apparaissent plus qu’ailleurs comme le lieu essentiel pour maintenir la vie. Dans des territoires où les activités économiques ne sont plus aussi florissantes qu’auparavant, où les derniers services publics ont disparu, l’épicerie sert désormais de courroie de transmission de services pour les populations éloignées des centres urbains. C’est ce qu’explique Aurélien Bertrand, épicier rural, récompensé par un Coup de Cœur du Jury au concours Quintessences de Gourmet Selection.
A Laroque-de-Fa, petit village de 150 habitants dans le département de l’Aude, à une heure de route de Narbonne et Carcassonne, Aurélien Bertrand profite de sa vie pour remplir, avec bonheur, la mission d’épicier en milieu rural. Cette fonction lui a été confiée par la Communauté des Communes Région Lézignanaise Corbières et Minervois en 2016. Soit l’année où Aurélien a repris ce commerce.
L’épicerie sert non seulement le petit village de Laroque-de-Fa le long d’une départementale des Corbières, mais aussi les villages avoisinants, également aussi peu peuplés – voire même moins peuplés. Cette situation est à la fois un avantage (faible concurrence) mais aussi une fragilité (isolement, enjeux pour l’approvisionnement de certains produits).
Aurélien Bertrand s’en accommode, lui à qui les difficultés ne font pas peur. “Plus il y a de difficultés, plus je peux faire la différence“, explique-t-il. Cet isolement est aussi une responsabilité et un devoir d’engagement : seul commerce, il est le ciment d’un lien social à maintenir et redévelopper.
Une offre nécessairement mixte
L’épicier rural a de fait une mission : celle de proposer, avant tout, des produits du quotidien pour répondre aux besoins primaires de ses clients face à l’éloignement des villes. Pour autant, installer une enseigne de la grande distribution dans ces lieux n’aurait pas de sens. Dans ces temples de la consommation de masse, passées les caisses, le client n’existe malheureusement plus. Au contraire, dans les territoires reculés, les “indifférents” doivent être ceux qu’il faut choyer.
A côté de cette offre de produits indispensables, Aurélien Bertrand a développé une offre élargie de produits locaux et régionaux (produits extra-frais, charcuteries, fromages, pains, primeur…) afin d’assurer la promotion des artisans du secteur. Le travail remarquable de ces agriculteurs-producteurs authentiques et passionnés doit être valorisé car ils participent à la préservation et à la beauté du territoire.
Un service indispensable pour les populations éloignées
Enfin, l’épicier a développé une offre de produits premium afin de “faire plaisir” à ses clients et pour démontrer, que même à 50 km des villes, rien n’est impossible pour ces territoires peu peuplés et éloignés. Le fait que des grandes marques acceptent de proposer leurs produits dans ces territoires reculés est une formidable marque de reconnaissance. L’épicerie fine apparaît ici comme un instrument de découverte gastronomique.
“J’insiste également sur le sens profond du service. Dans les villages, loin de tout, l’épicerie doit faire le lien avec le monde extérieur en remontant, par exemple, un traitement médical pour une personne malade, un bouquet de fleurs pour un anniversaire, un magazine. Il faut aimer profondément les gens, maintenir cette solidarité, préserver cette convivialité”, décrit-il.
Se regrouper entre épiciers, un enjeu indispensable
“Je voulais aussi insister sur l’importance pour les épiciers de se regrouper afin de renforcer notre sentiment d’appartenance à une grande famille de professionnels passionnés. Mais aussi pour surmonter les difficultés et pour partager sur nos métiers et les actions que nous pouvons mettre en œuvre pour proposer un service de qualité à nos clients”, raconte encore Aurélien Bertrand.
La Fédération des Epiciers de France, dont Aurélien Bertrand est l’administrateur pour la Région Occitanie, est le cadre idéal pour échanger et donner de la visibilité au niveau national. Et de conclure : “Oui, les épiciers constituent un maillage fort du territoire et sont indispensables au maintien du lien social et ils le démontrent tout au long de l’année. J’invite donc l’ensemble des épiciers à nous rejoindre car ensemble nous serons plus forts”.
Pour plus d’informations : bc-epicerie@orange.fr ou 06 71 60 02 01
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